Saint Louis: cultural heritage and climate disaster
- english version below –
Je suis resté une semaine à Saint-Louis au Sénégal, charmé par son atmosphère joyeuse et apaisée, son architecture coloniale et sa situation géographique incroyable.
La ville de Saint-Louis se trouve sur une île étroite du fleuve Sénégal de 2 kilomètres de long pour 300m de large*1. Sur une dizaine de kilomètre avant l’embouchure, le fleuve n’est séparé de l’Atlantique que par une étroite péninsule de terre appelée « Langue de Barbarie ».Cette situation presqu’unique au monde contribue à un environnement particulièrement riche. Les eaux sénégalaises sont réputées très poissonneuses ; le long du fleuve, l’agriculture se déploie ; au nord de la ville, cormorans, oiseaux de proies, grues et pélicans profitent de la mangrove. A quelques dizaine de kilomètres en amont, une réserve naturelle a d’ailleurs été créée, la réserve de Djun, troisième plus grande réserve ornithologique du monde.
I stayed a week in Saint-Louis in Senegal, charmed by its happy and peaceful atmosphere, its colonial architecture and its incredible geographical location.
The city of Saint-Louis is on a narrow island of the Senegal River 2 kilometers long and 300m wide * 1. About ten kilometers before the mouth, the river is separated from the Atlantic only by a narrow peninsula of land called Langue de Barbarie. Because of the almost unique situation in the world, the environment of Saint-Louis is particularly rich. Senegalese waters have a great reputation for fishing, along the river the agriculture is prosperous and north of the city, the mangrove areas made the happiness of cormorants, birds of prey, cranes and pelicans. A few dozen kilometers upstream a natural reserve has been created, the reserve of Djun, third largest bird sanctuary in the world.

En 1659, lorsque les premiers explorateurs français découvrent l’île en remontant le fleuve Sénégal, ils décident d’y installer un avant-poste. L’île se présente comme une place forte idéale et « offre un mouillage très sûr face à un littoral dangereux »*5. Les Français y construisent un fort, première étape à l’installation d’une colonie, la ville est baptisée Saint-Louis-du-Fort en hommage au jeune suzerain Louis XIV. C’est la première ville fondée par les Européens en Afrique : elle deviendra la capitale de la colonie du Sénégal et sera une escale privilégiée pour les navires portugais en partance vers les Indes. A la fin du XVIIIe siècle, la ville deviendra un important comptoir maritime, grâce notamment au commerce de l’or, de la gomme arabique, de l’ivoire et des esclaves.
Dans les années 1850, sous l’impulsion du général Faidherbe, gouverneur du Sénégal*, les constructions se multiplient. Beaucoup d’immeubles de cette époque restent visibles aujourd’hui, la plupart ne compte qu’un seul étage et sont reconnaissables à leur patio et à leur longs balcons de bois ou de fer forgé. C’est également à cette période que fut construite la cathédrale, le palais du gouverneur, et bon nombre de comptoirs commerciaux*3. La partie Nord sera essentiellement occupée par les colons. La partie Sud, deux fois plus vaste, est aménagée pour les indigènes, essentiellement musulmans.
En 1865, le pont Faidherbe permet de relier l’île au continent. Un peu plus tôt, deux ponts assuraient l’accès entre l’île et la « Langue de Barbarie ». Dès lors, la cité ne cesse de s’élargir en dehors de l’île.*5
In 1659, when the first french explorers discovered the island by going up the Senegal River, they decided to set up an outpost there. The island presents itself as an ideal stronghold and « offers a very safe anchorage next to a dangerous coastline » * 5. The French build a fort, the first step to the installation of a colony, the city is called Saint-Louis-du-Fort in tribute to the young suzerain Louis XIV. It is the first city founded by Europeans in Africa, it will become the capital of the colony of Senegal and will be a preferred stopover for Portuguese ships bound for India. At the end of the eighteenth century, the city will become an important seaport, thanks in particular to the trade of gold, gum arabic, ivory and slaves.
In the 1850s, under the leadership of General Faidherbe, governor of Senegal *, the constructions are multiplying. Many buildings of this period remain visible today, most of them have only one floor and are recognizable by their patio and their long balconies of wood or wrought iron. It was also during this period that the cathedral, the governor’s palace, and a number of trading posts were built. The northern part will be mainly occupied by settlers. The southern part, twice larger, is built for natives, mainly Muslims.
In 1865, the Faidherbe bridge connects the island to the mainland. A little earlier, two bridges allowed access between the island and the Barbary language. From then on, the city continues to expand outside the island. * 5


La fin du XVIIIème siècle est une période prospère pour Saint-Louis qui sera même nommée capitale d’Afrique Occidentale Française (regroupant les territoires du Sénégal, de Côte d’Ivoire, du Soudan -actuel Mali – et de Guinée). La ville va pourtant connaître un déclin progressif, au profil de Dakar qui prendra bientôt sa place de capitale de l’AOF en 1902, puis de capitale du Sénégal en 1957. La ville continue pourtant à se développer et la plupart des immeubles actuels de l’île semblent dater de la période de l’entre-deux guerre.
Saint-Louis, qui cumulait également la fonction de capitale de Mauritanie depuis 1920, perdra ce statut après le départ des Français en 1960 et la proclamation d’indépendance.
La ville vit aujourd’hui essentiellement de la pêche et du tourisme et compte maintenant plus de 200 000 habitants. Ces dernières années, la municipalité a cherché à mettre en valeur son patrimoine historique, et en l’an 2000, la ville a été classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. Cette reconnaissance n’est pas usurpée, la ville fascine pour son architecture ainsi que pour son incroyable situation géographique.
The end of the 18th century is a prosperous period for Saint-Louis which will even be named capital of French West Africa (regrouping the territories of Senegal, Ivory Coast, of Sudan – current Mali – and Guinea). The city will, however, experience a gradual decline, with the profile of Dakar taking soon its place as the capital of the AOF in 1902 and the capital of Senegal in 1957. The city continues to develop and most of the current buildings of the island seem to date from the period between the two worldwars.
Saint-Louis, which also had the function of capital of Mauritania since 1920, will lose its status after the departure of the French in 1960 and the proclamation of independence.
The city today lives mainly from fishing and tourism, it now counts more than 200 000 inhabitants. In recent years, the municipality seeks to showcase its historical heritage, and in the year 2000, city was classified as World Heritage by UNESCO. This grateful is not usurped, the city fascinates for its architecture as well as for its incredible geographical situation.

Depuis quelques années, cet emplacement exceptionnel fait pourtant couler l’encre pour de tristes raisons. A cause du réchauffement climatique, la plage de la « Langue de Barbarie » qui s’étendait sur une centaine de mètres est maintenant réduite à son minimum. On estime que la mer monte de 1 à 3 mètres chaque année*4 et les maisons du front de mer ont presque les pieds dans l’eau.
Aujourd’hui, les vagues pénètrent dans l‘embouchure du fleuve*5 entrainant « la salinisation de l’eau et des nappes phréatiques, ruinant les cultures maraîchères »*1. Cette évolution a naturellement de lourdes conséquences sur la faune et la flore ; quant aux pêcheurs, ils s’exposent désormais à un véritable danger s’ils se font surprendre par le mascaret.
En 2017, les autorités ont commencé la construction d’une digue de 1 à 2 mètres de haut pour remplacer l’ancien mur construit par les colons. On estimait en effet que « 150 000 personnes étaient menacées par la montée inexorable des eaux » *4. Malheureusement en début d’année, une houle de 3 à 4 mètres de haut est passée par-dessus ce mur et a emporté des pans entiers d’immeubles. On m’a expliqué que plusieurs familles ont trouvé la mort dans l’evènement et plus de 150 autres se retrouvent sinistrées. *4
Quant à la digue toujours en construction, elle fut en partie ravagée. Elle s’est révélée bien trop basse et ses fondations furent loin d’être suffisantes. Le projet faramineux, développé par Eiffage Sénégal, a causé une grande polémique dans tout le pays*6 . A moyen terme, le Sénégal, loin d’être riche, aura surement besoin d’un coup de pouce de la communauté internationale pour sauver son joyaux des eaux…
In recent years this exceptional location is still running the ink for sad reasons. Because of global warming, the beach of the Langue de Barbary which extended over a hundred meters and now reduced to a minimum. It is estimated that the sea rises from 1 to 3 meters every year * 4 and the houses on the waterfront are almost waterfed.
Nowodays, the waves have entered the mouth of the river * 5 causing « the salinization of water and groundwater, and ruin market gardening » * 1. This event naturally has serious consequences for fauna and flora; as for the fishermen, they run a real risk if they are surprised by the tidal bore.
In 2017, the construction of a dike 1 to 2 meters high was started to replace the old barrier built by the settlers. It was estimated in 2017 that « 150,000 people were threatened by the inexorable rise of water » * 4. Unfortunately at the beginning of the year, waves of 3 to 4 meters high went over this wall and took away whole parts of buildings. It was explained to me that several families were killed in the event and more than 150 others are stricken* 4.
The dike, still under construction, was partly ravaged. It was far too low and its foundations were far from sufficient. The huge project, developed by Eiffage Senegal, caused great controversy throughout the country * 6. In the medium term, Senegal, far from being wealthy, will surely need a boost from the international community if it wants to save its gems from the waters…

* Un autre héritage nous parvient de cette époque : un jumelage prolifique avec la ville de Lille dont le général Faidherbe était originaire.
* Another legacy comes from this time: a prolific twinning with the city of Lille, which General Faidherbe was from.
*1 saintlouisdusenegal.com, consulté le 05/12/2017
*2. Wikipedia, consulté le 05/12/2017
*3 www.senegal-online.com, consulté le 05/12/2017
*4 « France info », consulté le 19/11/2017
*5 « Jeune Afrique »
*6 « Ndarinfo.com », consulté le 19/11/2017
by baptiste quételart – architect / architectural reporter