11/11/2018_No man’s land

, eule avec sa bonne humeur, s

,

Extraits de mon carnet de voyage
D’Essaouria au Maroc à Saint-Louis au Sénégal – 7jours à travers le désert du Sahara

/ Extracts from my travel diary
From Essaouria in Morocco to Saint-Louis in Senegal – 7 days through the Sahara Desert

Lundi 19/11/2018
Il pleut toujours à Essaouira […] En début d’après-midi je pars pour Inezgane dans la banlieue d’Agadir. Ces derniers jours, j’ai pu préciser un peu mon itinéraire en discutant avec des Marocains et des Sénégalais.
Serrés dans le bus, nous traversons des paysages vallonnés où des arbres bien verts poussent sur une terre rouge. Après plusieurs heures de trajet, nous rejoignons la côte. Depuis la route qui suit les falaises, nous voyons les vagues qui viennent s’échouer sur les longues plages de sable en contrebas.
A 22:00, après deux heures de correspondance passées dans la gare routière d’Inezgane, je prends un bus de nuit pour Laâyoune. Pour les autres villes qui jalonnent la route, je serais arrivé trop tard dans la soirée ou bien trop tôt le lendemain matin.

Monday 19/11/2018
It still rains in Essaouira […] In the early afternoon I leave for Inezgane in the suburbs of Agadir. In recent days, I have been able to refine my itinerary by talking with Moroccans and Senegaleses.
Tight on the bus, we cross hilly landscapes where green trees grow on a red earth. After several hours of travel, we reach the coast. From the road that follows the cliffs, we see the waves that run aground on the long sandy beaches below.
At 22:00, after two hours of connection in the bus station of Inezgane, I take a night bus to Laayoune. For other cities along the road, I’ll arrive too late in the evening or too early the next morning.

Essaouira in Marroco

Mardi 20/11/2018
La nuit dans le bus a été froide. A l’aube, nous passons le poste frontière puis nous arrivons à Laâyoune, capitale du Sahara Occidental. Ce matin, la cité a des airs de ville fantôme. Lovée dans de grandes dunes de sables, elle est déserte. Les drapeaux marocains sur les maisons ou sur les bâtiments administratifs que me rappelle que nous sommes un jour férié : les musulmans célèbrent cette semaine la naissance du prophète. Comme la plupart des boutiques sont fermées, je décide de ne pas m’attarder et de prendre le prochain bus pour Dahkla.
Sur le trajet : de la steppe, rien que de la steppe… De la rocaille souvent, et des échantillons de plastique de toutes les couleurs dès que l’on s’approche d’un lieu habité.
Parfois, je devine la mer à notre droite. De ce côté, je remarque aussi de temps en temps une tente ou un abri de fortune, près de là, du linge est étendu, ces cahutes sont habitées… Des gens se sont installés là, sans eau courante ni électricité, à des dizaines de kilomètres de tout village. Plus tard j’apprendrai qu’il s’agit de pêcheurs qui vivent là quelques mois par an ; comme la côte est très poissonneuse s’établir ici serait une opération rentable.
En arrivant à Dakhla, je partage un tuk-tuk avec Roberto, un italien rencontré dans le bus. Nous rejoignons ainsi le centre-ville où nous partageons un tajine. Je m’installe à l’Hôtel Sahara ; ce soir encore le désert ne me quitte pas.

  • Sahara Occidental :
    Ce territoire est une ancienne colonie espagnole aujourd’hui occupée par le Maroc. Depuis le départ des espagnols en 1976, ce territoire n’a toujours pas trouvé de statut définitif sur le plan juridique. Il est aujourd’hui classé comme « territoire non autonome» selon l’ONU, c’est-à-dire qu’il est considéré comme « non décolonisé » et que « les populations ne s’administrent pas encore complètement d’elles-mêmes ».
    De 1975 à 1991 des affrontements ont eu lieu entre le Maroc et des indépendantistes, soutenus par l’Algérie, pour obtenir la main mise sur le territoire. « Devenu un enjeu global illustrant la rivalité entre le Maroc et l’Algérie, le dossier saharien bloque toujours la construction de l’Union du Maghreb Arabe ». A cause de cette situation tendue, le passage de la frontière avec la Mauritanie peut s’avérer difficile. Un « no man’s land » de quelques kilomètres de large sépare aujourd’hui les deux Etats.
    Wikipedia 25/11/2018

Tuesday 20/11/2018
The night in the bus was cold. At dawn, we pass the border post and arrive at Laayoune, the capital of Western Sahara. This morning, the city looks like a ghost town. Nestled in great sand dunes, the city is deserted. By noticing the moroccan flags on the houses or on the administrative buildings I remember that we are a holiday: the Muslims celebrate this week the birth of the prophet. As most shops are closed, I decide to not stay longer and to take the next bus to Dahkla.
On the way: steppe, nothing but steppe … Rock often, and plastic samples of all colors as soon as you get closer to an inhabited place.
Sometimes we guess the sea on our right. On this side I also notice from time to time a tent or a makeshift ark from which linen is spread. People have settled there, without running water or electricity, tens of kilometers from any village. Later I learn that fishermen live there a few months in the year; as the coast is very fishy settling here would be a profitable operation.
Arriving in Dakhla, I share a tuk-tuk with Roberto, an Italian met on the bus. We reach the city center where we share a tajine. I move to the Sahara Hotel; Tonight the desert is not leaving me.

  • Western Sahara :
    This territory is an old Spanish colony now occupied by Morocco. Since the departure of the Spaniards in 1976, this territory has still not found a definitive legal status. It is now classified as a « non-self-governing territory » according to the UN, that is, it is considered « non-decolonized » and « the populations are not yet fully self-governing. same « .
    From 1975 to 1991, clashes took place between Morocco and Algerian-backed separatists to gain control of the territory. « Having become a global issue illustrating the rivalry between Morocco and Algeria, the Saharan issue still blocks the construction of the Arab Maghreb Union ». Because of this situation the border with Mauritania remains really particular. Nowodays, a no man’s land of a few kilometer sparate both states.
    Wikipedia 25/11/2018
A petrol station in the desert

Mercredi 21/11/2018
Aujourd’hui je reste à Dakhla. Je viens d’enchainer près de 36 heures de bus et j’ai envie de me promener un peu. Dakhla est une petite ville moderne construite sur une péninsule de sable. Dans le centre-ville, on trouve un groupement d’hôtels, quelques snacks et un bon nombre de petits commerces en tout genre.
A un café, je rencontre Aziz qui, au fil de la discussion, me recommande plusieurs auberges pour la suite de mon voyage.

Wednesday 21/11/2018
Today I stay in Dakhla. I have just completed 36 hours of bus and I want to walk a little. Dakhla is a small modern town built on a sandy peninsula. In the city center, there is a group of hotels, a few snacks and lots of small shops of all kinds.
At a cafe, I meet Aziz who over the course of the discussion I recommend several hostels for the rest of my trip.

The bay of Dahkla, last city before the border

Jeudi 22/11/2018
Départ de Dahkla à 08:00 pour Nouadhibou, en Mauritanie. Après avoir avancé dans la steppe pendant une éternité, le bus nous dépose à la frontière vers 15:00. Il faut ensuite passer les contrôles marocains ; j’obtiens mon visa de sortie et rejoins notre petit groupe de 7-8 personnes dans le « no man’s land ». Une trentaine de personnes est installée là, certaines se livrent à du commerce ou à des trafics en tout genre, d’autres attendent probablement de pouvoir entrer au Maroc. Un minibus mauritanien nous attend. Nous traversons les 4 kilomètres de la zone franche sur une piste très délabrée où nous devons slalomer entre les dunes et les carcasses de voitures abandonnées.

Arrivés côté mauritanien, il faut encore faire les formalités afin d’obtenir le visa de séjour. Heureusement que nos chauffeurs nous aident car il faut se présenter aux différents bureaux établis en plein désert en respectant un ordre de passage très précis.  Il nous faut près de deux heures trente pour passer ces deux frontières – sans l’aide de nos guides, ça aurait été au moins le double…
Dans ce parcours, je n’ai rencontré que de rares européens. Parmi eux, une Viennoise qui profite de sa retraite pour se lancer dans le voyage  dont elle rêvait et trois ou quatre routards que je retrouverai dans la soirée à Nouadhibou.
En arrivant dans mon auberge, à Nouadhibou, je sympathise avec deux Suisses qui s’offrent un « road trip » à travers l’Afrique durant leurs courtes vacances. Ils sont en voiture, on traversé la Méditerranée en Ferry et descendent par la route jusqu’à  Dakar où ils comptent vendre la voiture. Le retour se fera en avion

  • Mauritanie :
    La République Islamique de Mauritanie est un pays de pays de l’Afrique de l’Ouest situé entre le Sahara Occidental (Maroc), l’Algérie, le Mali, le Sénégal et l’Océan Atlantique. Elle présente près de 800km de côte et une vaste étendue de désert.
    La Mauritanie compte près de 5 millions d’habitants dont la plupart est concentré dans les villes de Nouadhibou et de Nouakchott. Environ à 2/3 de la population est constituée de « maures » population d’origine arabe ou berbère et 1/3 de population noire. Ancienne colonie française, le français reste une langue officielle de même que l’arabe, parlé par la majeure partie de la population.

Thursday 22/11/2018
Departure from Dahkla at 08:00 for Nouadhibou in Mauritania. After advancing in the steppe for an eternity, the bus drops us at the border around 15:00. Then you have to go through the Moroccan controls; I get my exit stamp and join our small group of 7-8 people in the no man’s land. About thirty people are there, some engaging in businesses or traffic of any kind, others probably waiting to enter Morocco. A Mauritanian mini bus is waiting for us. We cross the 4 kilometers of the no man’s land on a very dilapidated track where we have to slalom between the dunes and the carcasses of abandoned cars.

Arrived Mauritanian side, it is still necessary to do the formalities of entry in order to obtain the visa of stay. We are helped for this by our drivers, fortunately because nothing is indicated and it is necessary to go to different offices, established in the middle of the desert, with a precise order of passage. It takes us nearly two hours thirty to cross these two borders – without the help of our guides, it would have been at least double …
In this journey, I was accompanied by a Viennese woman who took advantage of her early retirement to embark, alone with her good will, on the trip to Africa she had dreamed of. I also met three or four European backpackers that I will find in the evening in Nouadhibou.
Arriving at my hostel in Nouadhibou I sympathize two Swiss who enjoy a short vacation to afford a road trip through Africa. They drive down the road they will sell in Dakar before returning by plane.

  • Mauritania:
    The Islamic Republic of Mauritania is a country of West African countries located between Western Sahara (Morocco), Algeria, Mali, Senegal and the Atlantic Ocean. It has nearly 800km of coast and a vast expanse of desert.
    Mauritania has nearly 5 million inhabitants, most of whom are concentrated in the cities of Nouadhibou and Nouakchott. About 2/3 of the population is made up of « Maures » population of Arab or Berber origin and 1/3 of black population. Former French colony, French remains an official language as well as Arabic, spoken by the majority of the population.
No man’s land between the 2 borders. The picture comes from «Burkinamitie.canalblog.com»

Vendredi 23/11/2018
Journée à Nouadhibou […] Dans le vieux port de pêche, les hommes s’activent autour de grandes pirogues. Une fois le poisson débarqué, il repart à dos d’âne. L’odeur est très forte, le sol de terre est pavé de bouteilles en plastique écrabouillées. Un peu plus loin, des investisseurs chinois ont développé un grand complexe de pêche industrielle. Ces activités expliquent qu’on retrouve quelques enseignes en mandarin curieusement éparpillées le long de l’avenue principale.
L’après-midi, en longeant une triste plage – ou une belle décharge, c’est selon – je rejoins des jeunes qui s’aventurent sur un banc de sable, derrière l’aéroport. L’endroit est immaculé. Dans des étendues d’eau salée, des flamands roses pataugent gentiment. Les jeunes investissent un terrain de foot sur un coin de la plage. Je me pose pour dessiner, quand Alex, un jeune gambien, vient me faire la causette dans un anglais hésitant.
Sur le chemin de retour, je rencontre un dromadaire et quelques habitants, toujours heureux de discuter et de m’accompagner pendant un bout du trajet.

Friday 23/11/2018
Day in Nouadhibou […] In the old fishing port, men are busy around large pirogues. Once the fish landed, he goes back on a donkey. The smell is very strong, the dirt floor is paved with plastic bottle crumbled. A little further, Chinese investors have developed a large industrial fishing complex. These activities explain that there are some signs in Mandarin curiously scattered along the main avenue.
In the afternoon, along a sad beach – or a beautiful dump, according to – I join young people who venture on a sandbar behind the airport. The place is immaculate. In expanses of salt water flamingos flounder gently. A little further, young people invest a football field on a corner of the beach. I ask myself to draw, when Alex, a young Gambian, comes to chat with me in hesitant English.
On the way back, I meet a camel and some inhabitants, always happy to discuss and accompany me a part of the way.

The old Harbour of Nouadhibou
A street of Nouadhibou…

Samedi 24/11/2018
Sur les conseils d’Ali, mon hôte, je pars dessiner les bateaux échoués dans la baie à quelques kilomètres au Nord de la ville. Une dizaine de chalutiers sont abandonnés là, certains depuis si longtemps qu’ils sont entièrement recouverts de rouille. Autour du bateau le plus récemment arrivé, trois ou quatre hommes s’activent pour récupérer les pièces pouvant encore être recyclées.
A 17:00, je prends mon bus vers Nouakchott. La route à travers la « Mauritanuit » est longue et belle. Au cours de notre traversée de cinq heures en plein désert, nous ne rencontrons que de rares villages mais nous sommes contrôlés à une dizaine de reprises.

Saturday 24/11/2018
On the advice of Ali, my host, I go to draw the boats stranded in the bay a few kilometers north of the city. A dozen trawlers are abandoned there, some for so long that they are completely covered with rust. Around the most recent boat, three or four men are busy recovering the parts that can still be recycled.
At 17:00, I take my bus to Nouakchott. The road through « Mauritanight » is long and beautiful. During our five hour crossing in the middle of the desert, we meet almost no village; on the other hand we are controlled to a dozen recovery.

Boat’s cimetery in the Nouadhibou’s Bay

Dimanche 25/11/2018
Promenade à Nouakchott. Toute la ville semble récente, les bâtiments les plus anciens remontent peut-être aux années 1960. De grands immeubles modernes commencent à pousser dans le centre-ville – des banques surtout. A première vue, la ville ne parait pas si grande puisque la plupart des bâtiments ne compte qu’un seul étage. Pourtant il ne faut pas se fier à cette première impression puisque la ville est très étendue. Pour se déplacer d’un quartier à un autre, il suffit de se placer sur l’une des grandes avenues, de tendre la main et de sauter dans un taxi collectif officieux.
Bien qu’il ne fasse pas si chaud, l’air brûle les poumons. A mon sens, cela tient plus à la poussière qu’à la pollution. Ici comme dans le reste du pays, le sable est partout et les coups de vent sont fréquents. Je n’arrive même pas à imaginer comment cela peut être en été…

Sunday 25/11/2018
Walk in Nouakchott. The whole city seems recent, the oldest buildings may date back to the 1960s. Large modern buildings begin to grow in the city center – mostly banks. At first glance, the city does not seem so big since most buildings have only one floor. Yet the city is very spread. To move from one neighborhood to another, simply place yourself on one of the main avenues, reach out and jump into an unofficial collective taxi.
Although it is not so hot, the air burns the lungs. In my opinion this is more due to dust than pollution. Here as in the rest of the country sand is everywhere and gales are frequent. I can’t imagine what it should be in summer…

Lundi 26/11/2018
Départ pour Saint-Louis. Le bus est bondé, le trajet jusqu’à la frontière dure trois ou quatre heures. Sur près de la moitié du parcours, la piste est complètement défoncée. Autour de nous, les paysages sont bien plus verts que dans le Nord du pays : il y a toujours autant de sable et de poussière mais on croise de plus en plus de petits arbres et de villages.
Arrivés à la frontière à Rosso, une bande de jeunes s’occupe de changer ma monnaie et de me faciliter les formalités. Je perds peut être une vingtaine d’euros dans les opérations mais il faut reconnaître que leur affaire est rondement menée. En pleine pause repas, ils m’obtiennent les visas des douaniers et, comme le bac ne reprendra du service que dans une heure ou deux, ils m’embarquent dans une pirogue pour traverser le fleuve Sénégal. Je me retrouve au garage de bus, du côté sénégalais à peine une heure après mon arrivée à Rosso.
Je monte ensuite dans taxi collectif pour Saint-Louis, c’est une vieille Peugeot 5008 toute défoncée. Une queue de cheval (?) est attachée à l’arrière, à côté du pot d’échappement, drôle de coutume… La portière ne tient que part un bout de ficelle, pourtant, le trajet se passe bien. En fin d’après-midi, un second taxi me fait traverser le pont Faidherbe et me dépose sur l’île de Saint-Louis. La ville repose au milieu du fleuve Sénégal,  à quelques encablures de l’Océan.

Monday 26/11/2018
Departure for Saint-Louis. The bus is crowded, the trip to the border lasts three or four hours. On almost half of the course the track is completely broken. Around us, the landscapes are much greener than in the North of the country: there is always so much sand and dust but we cross more and more small trees and villages.
Arrived at the border in Rosso, a group of young people take care of changing my currency and facilitate me the formalities. I lose maybe fifteen euros in operations but I must recognize that their case is conducted smoothly. In the midst of a meal break, they get me the stamps of the customs officers and, as the ferry will not resume service in an hour or two, they embark me in a canoe to cross the Senegal River. I find myself at the bus garage on the Senegalese side barely an hour after my arrival in Rosso.
Then I go up in collective taxi for Saint-Louis, it’s an old Peugeot 5008 all smashed. A ponytail (?) is attached to the rear, next to the muffler, Strange custom … The door is only part of a string, yet the journey is going well. At the end of the afternoon, a second taxi takes me across the Faidherbe bridge and drops me off on the island of St. Louis. The city lies in the middle of the Senegal River, between the continent and a long tongue of land separating it from the Atlantic Ocean.

Some typologies sawn in the Maurituanian landscapes
Crossing the Senegal River and the border
The Faidherbe Bridge leading to the island of Saint-Louis

Une réflexion sur “11/11/2018_No man’s land

  1. Bravo pour le beau compte rendu de cette partie de voyage. C’est bon d’avoir ce soleil et ces couleurs dans le gris de notre Haut de France. Bises

    Congratulations for this report of this part of your trip. It’s good to have sun and colors in our Grey of North of France. Kisses

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