







dessins : baptiste quételart, photographies : baptiste quételart ; main d’œuvre locale

Cartagena de Indas (ou Carthagène des Indes en français) est une ville colombienne située sur une péninsule de la côte caraïbéenne. La cité fut fondée par les Espagnols en 1533. Elle aura par la suite un rôle prépondérant dans la traite négrière et le transit de l’or venu des colonies américaines.
La vieille ville est assez différente de toutes celles que j’ai vues en Amérique du Sud. Les enduits aux couleurs éclatantes me font d’abord penser à Saint-Louis du Sénégal mais la ville me rappelle aussi les cartes postales de Cuba ou les images de films de pirates.
La part de population noire reste plus forte ici que dans le reste du pays. Avec la traite négrière, beaucoup d’Africains ont été embarqués pour l’Amérique du Sud. Carthagène était alors un des plus grands ports des Caraïbes. La ville est donc devenue l’un des principaux point d’arrivée de cette nouvelle main d’œuvre qui s’est ensuite progressivement répandue dans le Nord-Est de l’Amérique du Sud. Au fil des siècles, les peuples se sont métissés et on retrouve chez beaucoup d’habitants des traits caractéristiques des populations noires, indigènes ou européennes.

Dans l’attitude aussi, je me sens plus au Sénégal ou au Brésil, bien loin de la timide côte Pacifique. Chose rare dans ces pays, des marchands abordent les passants dans la rue et leur proposent des bracelets, des filles ou des drogues en tout genre.
Chaque jour le même spectacle se rejoue. Dans l’après-midi, la chaleur est accablante et il faut attendre le début de la soirée pour que les rues s’animent vraiment. Les touristes se font promener en calèche ; ils sont parfois poursuivis par quelques jeunes rappeurs qui leur balancent un flow ininterrompu en espagnol – de fait je n’y comprends pas grand-chose, à part le refrain « bienvenida a Cartagena ». Ils n’arrêtent leur spectacle que lorsque les touristes ont mis la main à la poche. Malins !
Des femmes habillées en costume traditionnel se promènent dans les rues, un panier de fruits tropicaux en équilibre sur la tête. En une semaine, je n’ ai pourtant vu aucune vendre quoi que ce soit, elles sont en fait là pour prendre la pose et réclament quelques sous en échange d’un cliché.
Des mimes suivent les passants (et s’amusent des récalcitrants). Des artistes reproduisent et vendent des toiles presque semblables. Avec l’habitude ils se passent de modèle et peignent des rues colorées,comme si il s’agissait de compléter de simples coloriages.

Carthagène est une ville propre, proprette même. Dans le centre historique, les rez-de-chaussée sont occupés par des restaurants classes, des bars tendances ou des boutiques chics. En cherchant bien, on trouve quelques adresses populaires – pour combien de temps encore ?
La plupart des immeubles sont bien entretenus, certains sont recouverts d’un enduit clinquant neuf ; les peintures plus datées sont aussi tolérées si elles apportent un peu de cachet ou un côté « vintage » apprécié. Pour autant quelques bâtiments sont dans un piteux état :en marchant dans une rue, j’ai vu un bout de balcon s’effondrer -heureusement, pas de blessé. Pour éviter ce genre d’accident, plusieurs bâtiments (une vingtaine ?) sont empaquetés dans un emballage de tôles et d’échafaudages.


Au-delà de la vieille ville et de ses remparts, les berges accueillent une forêt de tours élancées où l’on trouve des logements de standing ou des hôtels prestigieux. Ces quartiers sont les plus prisés de la ville. En effet, ils ont une position géographique exceptionnelle, une vue sur la mer et/ou la baie et restent proches du centre historique.

Biographie :
Cubiertas en la arquitectura colonial y republicana de cartagena, turbaco y arjona, Francisco Angulo Guerra
par baptiste quételart – architecte / reporter d’architecture
Bravo pour ce très bel article. La présentation avec ces mains est très originale et réussie. Merci et bonne continuation.