Pòlleria : découverte de l’architecture populaire des Andes
Pòlleria: discovery of popular Andean architecture

« Où est l’architecture en bas de chez moi ? » Vaste question qui mérite d’être posée *…
Tout d’abord, parce qu’étant en itinérance, je n’ai pas vraiment de chez moi. Ou plutôt que j’en ai une multitude… Cette question est surtout importante parce que le Pérou regorge de tant de sites d’exceptions que beaucoup de visiteurs passent à côté des constructions contemporaines ou des « architectures du quotidien ».
Cet article nous emmène en dehors des quartiers les plus touristiques : c’est surtout l’occasion de présenter les traits principaux des constructions contemporaines qu’on retrouve au Pérou mais aussi en Bolivie ou en Equateur :
- L’inachèvement : les bâtiments sont souvent constitués d’une structure poteau-poutre en béton armé, complétée d’un remplissage en brique ou en adobe. La plupart des façades ne comportent pas de revêtements, sûrement plus pour des questions pécuniaires qu’esthétiques. Quand bien même la façade principale est recouverte d’un enduit ou d’un carrelage, les autres sont en général laissées nues. Très souvent les fers à béton sont laissés en attente, c’est à dire qu’ils dépassent du toît-terrasse de manière à ce qu’il soit possible de construire facilement un étage supplémentaire. Dans certains pays, cette pratique est courante et les habitants évitent de recouvrir les bâtiments d’un enduit ou d’une peinture : ainsi ceux ci sont considérés comme inachevés par l’administration et ne sont donc pas soumis aux impôts – J’ignore si cette technique est utilisée au Pérou.
- De grandes surfaces vitrées : les immeubles ne sont équipés que d’un simple vitrage ( ils ne sont de toute façon jamais isolés thermiquement). Ce « retard technique » présente toutefois un avantage esthétique : il laisse au maçon une grande liberté formelle qui peut réaliser des ouvertures de grande taille ou de forme fantaisiste à moindre frais.
- Une hauteur réduite : les immeubles des villes andéennes comportent en général un ou deux étages quand ils ne sont pas de plain-pied. Une explication pourrait être l’étalement urbain : tant qu’il y a de la place dans la vallée, les villes s’étendent souvent plutôt que de gagner en hauteur. L’autre facteur est le risque sismique auquel les constructions plus hautes sont très sensibles (ces séismes expliquent aussi en partie la profusion de câbles électriques dans les rues, on préfère les laisser accessibles plutôt que les enterrer).
- L’éclairage de nuit : le soleil se couche tôt au Pérou (entre 17:00 et 18:45 quelle que soit la saison). Pour cette raison, beaucoup de magasins ou de restaurants ont installé des enseignes lumineuses impressionnantes.

« Where is the architecture near my house? » Vast question that deserves to be asked …
First of all, because while traveling, I do not really have home. Or rather that I have a multitude … But especially because Peru contains so many archaeological sites and historic buildings that many visitors miss the contemporary buildings or « the architectures of everyday life ».
This article takes you outside the most tourist areas: it is especially the opportunity to present the main features of contemporary constructions found in Peru but also in Bolivia or Ecuador:
Completion: Buildings are often made up of a reinforced concrete post-beam structure completed with a brick or adobe filling. Most facades have no cladding, even if the main facade is covered with plaster or tile, the others are usually left bare. Very often the concrete bars are left waiting, it means they exceed the roof’s terrace so that it is possible to easily build an additional floor. In some countries the inhabitants systematically leave the irons on standby and avoid covering the buildings with a plaster or paint: thus they are considered as incomplete and are therefore not subject to taxes – I do not know if this technique to course in Peru.
Large glazed areas: the buildings are only equipped with a single glazing (they are never thermally insulated anyway). This « technical delay » however has an advantage: it leaves the masons great formal freedom because they can make openings large or fanciful shape cheaply.
Reduced height: buildings in Andean cities usually have one or two floors if not just the ground floor. One explanation could be urban sprawl: as long as there is room in the valley, cities often extend rather than gaining height. The other factor is the seismic risk to which higher buildings are very sensitive (these earthquakes also partly explain the profusion of electric cables in the streets, autorities prefer to leave them accessible rather than bury them).
Night lighting: the sun goes down early in Peru (between 17:00 and 18:45 all of the year). For this reason, many shops or restaurants have installed impressive illuminated signs.





Au Pérou, la plupart des bâtiments contemporains sont assez quelconques. Même si certains immeubles de logements ou d’hôtel se distinguent par leur architecture moderne, les restaurants sont souvent les seuls bâtiments qui sortent du lot.
Les Péruviens sont particulièrement fiers de leur cuisine et on retrouve donc de nombreux restaurants quel que soit le quartier. Le restaurant le plus commun est la pòlleria, un établissement populaire dans lequel on sert du poulet. On y vient seul, en couple ou en famille, en particulier le soir. Les plats y sont généralement très simples et copieux, les poulets généralement rôtis à la braise sont souvent accompagnés de frites et préparés par les employés directement derrière le comptoir. Au Pérou, on retrouve également des cevicherias, restaurants dédiés au ceviche, une spécialité à base de poissons ou des chifas, où la cuisine asiatique reprend des aliments locaux (ces restaurants souvent tenus par des immigrés asiatiques ou leurs descendants).
Le programme de pòlleria peut paraître modeste pourtant les restaurants sont souvent révélateurs du mode de vie des habitants, de leurs goûts ou des habitudes d’une région. On se souvient par exemple de l’architecture du bar à milk-shake américain, du bistro parisien ou du café viennois ; Il en est de même pour la pòlleria andéenne.
Les pòllerias les plus modestes occupent des locaux discrets en rez-de-chaussée, d’autres, plus prospères, investissent parfois tout un immeuble et multiplient les enseignes lumineuses.

Most of the contemporary buildings are quite common, but some specific programms distinguished themself with their particular architecture : the apartment building, the hotel and the pòlleria.
A pòlleria is a type of popular restaurant serving roasted chicken. People come alone, as a couple or with your family – especially in the evening. There are also cevicherias, establishments dedicated to ceviche, a specialty based on fish or chifas, where Asian cuisine takes over local foods (these restaurants often held by Asian immigrants or their descendants).
The most modest pòllerias occupy discrete premises on the ground floor, others, more prosperous, sometimes invest a whole building and multiply the luminous signs.








*La question « Où est l’architecture en bas de chez moi ? » est le leitmotiv du collectif « supra » – supraarchi.com
by baptiste quételart – architect / architectural reporter