06/2019_Medellin

Medellin : plongée au coeur de la Colombie

Avec plus de 3 millions d’habitants, Medellin est la seconde ville de Colombie. Elle est située dans la vallée du Rio Medellin bordé par de nombreuses collines. La ville est aussi réputée par son climat que les habitants surnomment « le printemps éternel ».

Mais, bien au delà de ces quelques éléments géographiques, la ville est surtout connue pour avoir été la plus dangereuse du monde et reste marquée par de très fortes inégalités. L’histoire de Medellin et de la Colombie est bien trop complexe pour être détaillée ici. Aussi cet article se propose plutôt de survoler les principales périodes historiques et d’étudier les changements urbains dans leur grandes lignes *1 en mettant le focus sur la vision architecturale et urbaine prônée par la municipalité.

*1 : cet article s’appuie principalement sur les explications et la synthétisation présentée par le musée municipal « Casa de la Memoria »

Parque Bario dans le centre-ville de Medellin

1970s – 1990s La montée et l’apogée de la violence

Construction des communes populaires., Les nouveaux venus s’installent dans l’indifférence des autorités.

Dans les années 1970, la ville est secouée par le trafic de cocaïne, essentiellement contrôlé par le cartel de Medellin entre les mains de Pablo Escobar. La violence est quotidienne, le taux d’homicides explose dans les années 1980 et devient le plus élevé du monde ; on va jusqu’à dénombrer 6800 meurtres en 1991. Après l’exécution de Pablo Escobar en 1993 et le démantèlement du cartel, on aurait pu croire que la violence allait se calmer, mais la ville entre au contraire dans une de ses périodes la plus sombre. Différents gangs la mettent à feu et à sang pour s’assurer la main mise sur le marché de la cocaïne. De plus la ville est aussi touchée par la guerre civile qui secoue la totalité de la Colombie (guérilla entre les forces révolutionnaires des FARC et de l’ELN et celles du gouvernement).

1990 – 2000 Des projets urbains pour répondre aux enjeux sociétaux

Dans les années 1980, les communes les plus pauvres étaient alors entièrement délaissées par les autorités – alors que Pablo Escobar y était très populaire en raison de son engagement financier pour améliorer les quartiers les plus pauvres de la ville. En réaction à ce contexte extrême, la municipalité lance une série de grands projets urbains à visée sociale.

Deux lignes de métro sont construites dans les années 1990. Dans les années 2000 et 2010, la ville complète ce réseau par la construction de quatre lignes de « métro-cable » (le nom donné au téléphérique urbain) qui desservent les quartiers pauvres des hauteurs de la ville.

La ville développe aussi un réseau de Parque Bibliotecas à partir de 2005. Ces complexes culturels, au nombre de dix aujourd’hui, doivent assurer un service public dans certains des quartiers les plus délaissés. Outre une bibliothèque, s’y trouvent également des amphithéâtres, salles de cours, cabinets médicaux et locaux associatifs.. Enfin, une place importante est laissée aux espaces de circulation que les jeunes peuvent investir en toute sécurité – l’entrée est toujours contrôlée par un policier ou un agent assermenté.

La « Bibliothèca España » construite sur les hauteurs du quartier de San Domingo est devenu l’un des symboles de cette politique architecturale – l’édifice est régulièrement cité parmi les bibliothèques les plus belles du monde. Lors de ma visite, celle-ci était fermée en raison de travaux de rénovation de sa façade.

“Nos édifices les plus beaux… doivent être dans nos quartiers les plus pauvres”

– former mayor Sergio Fajardo,

https://www.archdaily.com/162375/medellins-architectural-renaissance

2000 – 2010 : Le retour de la paix mais la persistance des inégalités
Les rues sont larges et arborées. Les promenades et les pistes cyclables sont nombreuses, la ville propose d’ailleurs un réseau de vélos en libre service type « Vélib ». Dans les quartiers les plus riches (souvent aussi les plus modernes), les centres commerciaux fleurissent.

Pour autant, même les beaux quartiers regorgent de « sans domicile fixe ». La ville compte d’ailleurs de très nombreux vénézuéliens arrivés ces dernières années et qui fuient la crise économique et politique sans précédent qui règne dans leur pays. Avec les rues de Rio de Janeiro, c’est le lieu des contrastes les plus brutaux que j’aurai découvert.

Bibliographie :

Medellin 360° : Cordial, Pujante y Bella, Editores Villegas

https://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique-sud/medellin-ex-capitale-du-crime-renait-en-vitrine-high-tech_1684090.html

https://www.nytimes.com/2012/05/20/arts/design/fighting-crime-with-architecture-in-medellin-colombia.html

https://www.archdaily.com/882556/architecture-guide-to-medellin-20-places-that-every-architect-should-visit

https://www.archdaily.com/162375/medellins-architectural-renaissance

https://generationvoyage.fr/lumiere-biblioteca-espana-medellin-en-colombie/