Brasilia : chronique d’une capitale moderniste
Brasilia : Chronicle of a modernist capital
J’ai passé 7 jours à Brasilia, la capitale fédérale du Brésil. Construite en seulement 4 ans au milieu d’un plateau désertique dans les années 1960, la ville est devenue le terrain de jeu de l’architecte Oscar Niemeyer. Se promener dans Brasilia pour un architecte ou un amoureux d’art moderne, c’est un peu comme arpenter les allées d’un musée de plein air.
Mais au-delà de ses chefs d’oeuvre architecturaux futuristes, la ville se démarque surtout par son fonctionnement pensé entièrement selon des principes modernes : grands espaces verts, sectorisation des activités, fluidité du trafic automobile…Véritable icône de l’architecture moderne, Brasilia est parfois admirée, mais aussi souvent décriée comme une ville aux dimensions inhumaines ou une utopie mort-née. J’avais hâte de la découvrir…
I spent 7 days in Brasilia, the federal capital of Brazil. Built in just 4 years on a desert plateau in the 1960s, the city has become the playground of architect Oscar Niemeyer. Walking around Brasilia for an architect or a lover of modern art is like walking in an open-air museum.
But beyond its futuristic architectural masterpieces, the city stands out above all for its original functioning since its organization was entirely conceived according to modern principles: large green spaces, sectorization of activities, fluidity of car traffic … icon of modern architecture, Brasilia is sometimes admired and often criticized as a city with inhuman dimensions or a stillborn utopia. I was eager to discover …
- Le projet / the project
Au Brésil, la volonté de construire une nouvelle capitale fédérale à l’intérieur des terres est présente depuis longtemps. A l’époque coloniale déjà, plusieurs voies militaient pour bâtir une capitale protégée des attaques venant de la mer. En 1891, la construction d’une nouvelle capitale est même inscrite dans la constitution. Le lieu est déjà défini : un plateau désert, situé à 1000m d’altitude dans l’État de Goiás, choisi à la fois pour sa centralité géographique, son accès à l’eau et pour son climat favorable.
Au milieu du XXe siècle, l’idée d’une nouvelle capitale fédérale est toujours d’actualité bien que les motivations aient changé : le mot d’ordre est maintenant de promouvoir l’unité du pays et de permettre une meilleure répartition de l’activité économique. A cette époque, l’essentiel de la population et de l’activité est concentré sur la côte Sud-Est où se situent les deux plus grandes villes du pays : Rio de Janeiro, capitale politique et culturelle, et São Paulo, capitale économique. Construire une nouvelle capitale permettra de mettre fin à la rivalité entre ces deux villes qui commençaient à être saturées par le trafic automobile et la surpopulation.« Brasilia représente la conquête du pays, qui ne nous appartenait que sur une carte. Sur 8 500 000 kilomètre carrés, 5 000 000 restent inhabités » dira le futur président Juscelino Kubitschek (alias JK) *1.
Quand celui-ci est élu président du Brésil en 1956, il s’attache tout de suite à tenir une de ses promesses de campagnes : construire (enfin ?) la nouvelle capitale*3. Dans les années 1960, l’essor économique est exceptionnel au Brésil et la construction de la ville génère un véritable enthousiasme. Elle est d’ailleurs surnommée par Malraux « la capitale de l’espoir ».
- Beaucoup de nouvelles villes ont elles aussi été construites en vue de devenir la capitale du pays. Au vingtième siècle, on peut citer: New Dehli en Inde, Canberra en Australie, Ottawa au Canada, Astana au Kazakhstan, Dodama en Tanzanie, Islamabad au Pakistan, Nouakchott en Mauritanie … En ce moment, la nouvelle capitale égyptienne est en construction dans le désert à 60km du Caire …
In Brazil, the desire to build a new federal capital inland has been around for a long time. In the colonial era already, several ways militated to build a capital protected from the attacks coming from the sea. In 1891, the construction of a new capital is even included in the constitution. The place is already defined : a desert plateau, located at 1000m of altitude in the State of Goiás, chosen for its geographical centrality, its access to the water and for its favorable climate.
In the mid-twentieth century, the idea of a new federal capital is still relevant although the motives have changed: the motto is now to promote the unity of the country and to allow a better distribution of the economic activity. At that time, most of the population and activity is concentrated on the South-Eastern coast where are located the two largest cities of the country: Rio de Janeiro, political and cultural capital, and São Paulo, economic capital. Building a new capital will put an end to the rivalry between these two cities which was already beginning to be saturated by car traffic and overpopulation. « Brasilia represents the conquest of the country, which belonged to us only on a map. Of the 8,500,000 square kilometers, 5,000,000 remain uninhabited, « said the future president Juscelino Kubitschek (aka JK) * 1.
When he was elected president of Brazil in 1956, he immediately committed to one of his campaign promises: to build (finally?) the new capital * 3. In the 1960s, the economic boom is exceptional in Brazil and the construction of the city generates a real enthusiasm. It is also nicknamed by the french minister Malraux « the capital of hope ».
- Many new cities have also been built to become the capital of the country. In the twentieth century, we find: New Delhi in India, Canberra in Australia, Ottawa in Canada, Astana in Kazakhstan, Dodama in Tanzania, Islamabad in Pakistan, Nouakchott in Mauritania… At this moment the new Egyptian capital is under construction in the desert 60km from Cairo …

JK annonce donc la fondation de NOVACAP, l’agence nationale pour l’urbanisation de la nouvelle capitale fédérale. Celle-ci définit un calendrier de construction en vue de l’inauguration le 21 avril 1960 – pourquoi un délai si serré ? Le président aurait souhaité que la ville soit achevée à tout prix avant la fin de son mandat*2. Dès 1956, NOVACAP organise un concours d’idée pour définir le « plan pilote » de la ville, c’est-à-dire décider de sa forme et de son organisation dans les grandes lignes.
L’architecte Oscar Niemeyer, qui avait déjà travaillé pour JK lorsque celui-ci était maire de Belo Horizonte a une grande place dans la construction de la nouvelle capitale. Il est intégré d’emblée à l’équipe NOVACAP, et sera désigné architecte en chef, spécialement chargé de réaliser les grands bâtiments publics.
Parmi les 26 propositions d’architectes et d’urbanistes brésiliens, le jury retiendra la proposition de Lucio Costa. Celui-ci est alors un architecte reconnu et l’un des principaux représentants brésilien du mouvement international – il a une cinquantaine d’années au moment du concours.
JK therefore announces the foundation of NOVACAP, the National Agency for the Urbanization of the new federal capital. The schedule of construction for the inauguration on April 21, 1960 – why such a tight deadline? JK wished that the city will be inaugurated before the end of his presidence*2.In 1956, NOVACAP organized a competition to define the « pilot plan » of the city, that is to say, to decide on its plan and its organization in the future. the outline.
The architect Oscar Niemeyer, who had previously worked for JK when he was mayor of Belo Horizonte, has a big place in the construction of the new capital. He is part of the NOVACAP team, the National Agency of Brasilia, and will be designated in architecte chief, who would realize the public buildings.
Among the 26 proposals of Brazilian architects and ubanists, the jury will choose the proposal of Lucio Costa. He is a recognized architect and a principal representative of the International Movement of Brazil – he is about fifty years at the time of the competition.
*1 information found in the JK memorial, Brasilia
*2 Le routard, Brésil 2018, éditions Hachette
*3 https://en.wikipedia.org/wiki/Brasília#Construction, consulté le 05/01/2019

La proposition de Lucio Costa retient l’attention du jury par sa clarté: son schéma a la forme d’un avion dont le fuselage forme l' »Axe Monumental » qui doit réunir tous les grands bâtiments publics de la ville. Près du croisement des deux axes se trouvent les édifices culturels (musée, cathédrale, bibliothèque et théâtre nationaux…) un peu plus bas, on retrouve les ministères de part et d’autre de l’avenue. Dans la pointe Sud du schéma, la « cabine de pilotage », Lucio Costa conçoit la place des trois pouvoirs bordée par le Palais présidentiel, le Congrès national (qui regroupe le Parlement et le Sénat ) ainsi que la Cour suprême.
Le second axe, l' »Axe résidentiel », regroupe tous les logements de la ville nouvelle, répartis de manière égale dans les deux ailes du Plan Pilote.
Autour de ces deux axes et jusqu’au rives du lac, Lucio Costa imagine un « triangle vert », où ne peuvent être construit aucun bâtiment en dehors de quelques centres de loisirs.
The proposal of Lucio Costa retains the glance of the Jury by its clarity: its diagram has the shape of an airplane. The fuselage forms the « Monumental Axis » which must host all the large public buildings of the city. Near the intersection of the two axes : the cultural buildings (museum, cathedral, national library, national theater …) a little lower, we find the ministries on both sides of the avenue. In the southern part of the scheme, the « cockpit », Lucio Costa conceives the place of the three powers bordered by the presidential palace, the national congress (which includes the parliament and the Senate) and the Supreme Court.
The second axis, the « Residential axis », includes all the dwellings of the new city, distributed equally in the two wings of the Pilote Plan.
Around these two axes and to the shores of the lake, Lucio Costa imagines a « green triangle », where no building can be built outside a few leisure centers.

« Astérix et Obélix : Mission Cléopatre », réalisé par Alain Chabat, 2002 – Lucio Costa est Numérobis ; JK, Cléopatre.
Comme l’avait recommandé Le Corbusier dans la « Charte d’Athènes », tout est mis en œuvre pour fluidifier le trafic automobile. Afin de limiter le nombre d’intersections et de permettre à la voiture d’atteindre sa vitesse de croisière, les îlots urbains sont de grande taille, au point que Costa les appelle des « superquadras ». La plupart des voies de circulation sont des routes à trois ou quatre voies. Pour éviter les feux de circulation et les embranchements compliqués, les urbanistes ont dessiné de nombreuses bretelles d’autoroutes, ronds-point, ponts et tunnels.
As recommended by Le Corbusier in the « Athen’s Charth », everything is designed to simplify traffic. In order to limit the number of intersections and allow the car to reach cruising speed, the urban blocs are large, as much that Costa calls them « superquadras ». Most traffic routes are three- or four-lane roads. In order to avoid complicated traffic signals and junctions, planners have designed numerous roundabouts, bridges and tunnels.

Malgré la quasi-impossibilité de « finir » une ville en 4 ans, Lucio Costa voyait grand et le plan directeur prévoyait déjà tous les réseaux et futures voiries dans l’attente de constructions ultérieures. Brasilia est en quelque sorte « née avec un squelette d’adulte »*2.
Despite the near impossibility of « finishing » a city in 4 years, Lucio Costa already saw big and the master plan already provided all the networks and future roads in expectation of subsequent constructions. Brasilia is in a way « born with an adult skeleton » * 2.
I gave thi after a few references – all of them are in french. By searching a bit, I’m sure you will also find some reliable information in your mother language.
Pour ceux qui veulent approfondir un peu ce chapitre :
- un article de « Le Monde » https://www.lemonde.fr/culture/article/2011/12/16/et-de-nulle-part-surgit-brasilia_1619680_3246.html
- une analyse très complète Hervé Théry, directeur de recherche émérite au CNRS-Creda et professeur l’Université de São Paulo, http://geoconfluences.ens-lyon.fr/informations-scientifiques/dossiers-thematiques/de-villes-en-metropoles/corpus-documentaire/brasilia
- Je vous met aussi une vidéo de l’époque, reprenant en français le discours de Lucio Costa, bien trop long mais à l’accent rigolo :

- La construction – the construcion
La région est déserte ; il faut commencer par construire une première ville en marge du plan pilote pour abriter les ouvriers employés à la construction de Brasilia, les « Candangos ». Cette ville est baptisée « Cidade Livre », la ville libre, puisque n’importe qui souhaitant s’y installer y reçoit une parcelle *1. Cette ville était censée être démontée une fois Brasilia construite, il n’en sera rien… Les ouvriers construisent des routes, creusent des puits et des égouts, le bois coupé sur place sert à la construction des maisons et des boutiques. En peu de temps, une ville sort de terre, à l’ambiance de Far West… Très vite, ouvriers et commerçants s’installent, attirés par l’essor promis. Ils seront plus de 35.000 en 1958. *4
Le travail à réaliser est titanesque : il faut d’abord défricher des milliers de kilomètres carrés de savane et aménager le lac artificiel. Les matériaux et les engins sont acheminés par avion*5. Les ouvriers n’auront que quarante mois avant l’inauguration.
The region is deserted; it is necessary to start by building a first city on the margin of the pilot plan to shelter the workers employed in the construction of Brasilia, the « Candangos ». This city is called « Cidade Livre », the free city, since anyone wishing to settle there receives a plot * 1. This city was supposed to be dismantled once Brasilia built, it will never happen… The workers build roads, dig wells and sewers, the wood cut on the spot is used for the construction of houses and shops. In a short time, a city comes out of the ground, with the atmosphere of Far West … Very quickly, workers and traders settle attracted by the promised boom, they will be more than 35.000 in 1958. * 4
The work to achieve is colossal: it is first necessary to clear thousands of square kilometers of savannah and develop the artificial lake. Materials and equipment are transported by plane * 5. The workers will have only forty months before the inauguration.
*4 http://brasilia50.info, fondation Artetude Cultural (Brésil) consulté le 05/01/2018
*5 : « Et de nulle part surgit Brasilia », www.lemonde.fr, publié le 16 décembre 2011 – mis à jour le 21 décembre 2012




A l’inauguration, les logements construits (pour 100 000 personnes) seront tous alloués aux fonctionnaires et aux « cols-blancs » travaillant dans les ministères et les ambassades.
De fait, la plupart des ouvriers n’aura pas la chance d’habiter dans la nouvelle cité qu’ils viennent de construire et s’installera en péripétie *1. Beaucoup de fonctionnaires sont pourtant réfractaires à l’idée de quitter Rio, « il aurait même fallu les payer double » pour qu’ils acceptent de s’installer à Brasilia. « Aujourd’hui encore, les fonctionnaires doivent assurer 4 ans de présence avant d’être en droit de quitter leur poste à Brasilia »*2
At the inauguration, housing built (per 100,000 people) will all be allocated to civil servants and people working in ministries and embassies.
In fact most of the construction workers will not have the chance to live in the new city they have just built and will settle in the surrounding* 1. Many officials are however reluctant to leave Rio, « they would have even had to pay double » so they agree to settle in Brasilia. « Even today, civil servants must ensure 4 years of presence before being allowed to leave their post in Brasilia » * 2
*1 information found in the JK memorial, Brasilia
*2, Le Routard, Brésil, 2018, éditions Hachette
- Quelques observations : – some personal observations
Quelle belle ville pour un chauffeur de taxi ! Pour un piéton en revanche, difficile de trouver un taxi : la ville est bien trop peu dense pour ça – le système mis en place par Uber est bien plus adapté et la firme américaine s’est d’ailleurs taillée une bonne part de marché.
Dans les villes européennes, on essaye depuis quelques années de sortir du « tout voiture ». Impossible à réaliser ici – d’ailleurs, les voitures circulent sans problème. Je suis curieux de voir comment va évoluer la ville si des prototypes comme celles des voitures autonomes se généralisent.
J’ai l’habitude de marcher. Brasilia propose (et impose) de repenser son mode de déplacement. Les bus urbains convergent tous vers la gare routière, au croisement de l’axe monumental et de l’axe résidentiel. Je n’ai jamais vu de gare de bus aussi grande, on compte peut-être une soixantaine de quais… Les bus arrivent et repartent en permanence.
What a beautiful city for a taxi driver! For a pedestrian, however, difficult to find a taxi: the city has not enough density for that – the system set up by Uber is much more suitable and the American firm has also carved a good market share.
In European cities, we try for a few years to get out of the « car system ». Impossible to realize here – besides the cars circulate without problem. I am curious to see how the city will evolve if prototypes such as autonomous cars become widespread.
I usually walk. Brasilia proposes (and imposes) to rethink ones travel mode. The city buses all converge on the bus station, at the intersection of the monumental axis and the residential axis. I have never seen such a large bus station, there may be about sixty docks … The buses arrive and leave every minute.

Comme souvent en Amérique du Sud, le piéton a été oublié de ce tracé – le cycliste aussi. A l’époque, personne ne doutait que le moyen de transport du futur serait l’automobile. Les trottoirs s’interrompent brutalement. Il faut attendre un long moment avant de pouvoir traverser l’un des axes principaux, et à ce moment-là il vaut mieux courir… Je n’aimerais pas être vieux à Brasilia…
Les urbanistes semblent avoir oublié de dessiner suffisamment de passages piétons, et les vélos doivent parfois emprunter les autoroutes faute d’alternatives. Plutôt que de suivre les grands axes bruyants, le piéton est souvent tenté de couper au plus court à travers les espaces verts. Au fûr-et-à-mesure des passages, des chemins se sont formés, d’autant plus visibles que la terre est ici bien rouge. J’ai appris qu’à Chandigarh, ville du même acabit imaginée par le Corbusier une dizaine d’année auparavant, on les appelait les « desire lines », les lignes du désir. Joli non/m !?
The pedestrian has been forgotten from the city planners- the cyclist too. At this time, nobody doubted that the means of transport of the future would be the automobile. The sidewalks are interrupted brutally, It is necessary to wait a long time before being able to cross one of the main axes, and at that moment you better have to run … I would not like to be an old people in Brasilia …
City planners seem to have forgotten to draw a lot of pedestrian crossings, and bicycles must sometimes use highways for lack of alternatives. Rather than following the noisy highways, pedestrians are often tempted to cut short through green spaces. With the repeted passages, paths have been formed. I learned that in Chandigarh, city of the same kind imagined by Le Corbusier a dozen years ago, they were called « desire lines ». Nice name isn’t it ?

Même si la ville a été conçue pour les voitures, les espaces verts sont partout. Dans les parcs (ou les prairies, je ne sais pas comment les appeler), les gens se promènent à vélo et les enfants font du cerf-volant. Il doit y avoir beaucoup de jardiniers à Brasilia, la surface d’herbe à couper est gigantesque…
Dans les superquadras, la circulation se fait beaucoup plus discrète. Des chemins sont dessinés pour les piétons à l’écart des voitures, celles-ci stationnant entre les immeubles ou dans les nombreux parkings souterrains. Les espaces verts occupent plus de la moitié de la surface du sol ; on dirait par endroit que les barres d’immeubles sont posées dans des parcs. Cette ambiance calme et apaisée m’étonne d’autant plus qu’elle est à l’opposé du bruit et de la pollution des villes de la côte.
– par contre, que ça devait être triste juste après la construction, quand les arbres n’avaient pas encore poussé !
Even though the city was designed for cars, green spaces are everywhere. In the parks (or meadows I do not know how to call them), people drive a bike ride and kids do kite flying. There must be many gardeners in Brasilia, the grass area to cut to gigantic …
In the superquadras, the traffic is much more discreet. Roads are designed for pedestrians away from cars, it is parked between buildings or in the many underground car parks. Green spaces occupy more than half of the soil surface; In some places, it looks like the bars are in parks. This calm and peaceful atmosphere surprises me all the more because it is the opposite of the noise and pollution of the cities of the coast.
– on the other hand, it must have been sad when the trees had not yet grown right after the construction!


Comme définis par le plan pilote, les immeubles ne dépassent pas 3 ou 6 étages (en fonction du zonage). Ils sont en priorité dédiés à la location à destination des fonctionnaires*. La plupart sont sur pilotis et Niemeyer, tout comme Le Corbusier, les nomme les « unités de voisinages », .
Un peu plus loin du centre administratif, quelques superquadras ont échappé aux architectes modernes. On y retrouve des petites maisons avec des toîts de tuiles, des balustrades en plâtre, du crépit ou des briques de parement. Chassez le naturel, il revient au galop… En tout cas, on peut échapper au dessein de Lucio Costa et à l’architecture de Niemeyer. C’est rassurant.
As defined by the pilot plan, buildings do not exceed 3 or 6 storeys (depending on zoning). They are primarily intended for hire to officials *. Most are on pillars and Niemeyer, just like Le Corbusier, calls them « neighborhood units ».
A little further from the administrative center some superquadras have escaped the modern architects. There are small houses with tile roofs, plaster balustrades, plaster or facing bricks. People can escape the design of Lucio Costa and the architecture of Niemeyer. It’s reassuring.

Brasilia est aussi beaucoup décriée pour un autre de ses principes : la sectorisation.
Je serais notre cher espion, je me méfierais… Même si la scène ne manque pas de cachet , trouver un hôtel par hasard au pied du Congrès nationnal relève de la fiction. La sectorisation systématique décidée par Lucio Costa confine tous les hôtels dans des secteurs particuliers autour de la Rodoviaria ou sur les berges du lac. Les hôtels de proximité n’existent pas à Brasilia et le »Brasilia Palace Hotel » où se rend Hubert Bonisseur de la Bath est en fait un postiche.
In this film, a french parody of James Bond something doesn’t fit … Even if the scene is beautifull, find a hotel by chance at the foot of the national congress is fiction. The systematic sectorization decided by Lucio Costa confines all the hotels in particular sectors around the Rodoviaria or on the banks of the lake. The « Brasilia Palace Hotel » that they found goes is a fake.
Cette sectorisation saute particulièrement aux yeux en parcourant l’axe monumental, pourtant, les quartiers résidentiels de Brasilia n’ont rien d’une cité dortoir. D’une part parce que la ville n’est pas si étendue et qu’il suffit de quelques stations de bus pour rejoindre n’importe quel point du plan pilote mais aussi parce qu’on trouve de nombreux commerces de proximité entre les superquadras répartis le long de courtes rues.
Par ailleurs, les habitants de Brasilia trouvent des lieux de culte, des écoles, des garderies, des bibliothèques et des centres culturels répartis de manière égale entre les superquadras.
Bien qu’elleq n’aient peut-être pas été prévues, des lauchonetes se sont installées au pied des administrations, sous des tentes ou dans des petits kiosques. Il faut bien que les fonctionnaires mangent quelque part…
This sectorization is especially remarkable along the monumental axis, yet the residential neighborhoods of Brasilia are nothing like a « dormitory city ». On the one hand because the city is not so extensive so people can reach every point in the pilot plan in a few dozen of minutes by, but also because there are many local shops between superquadras spread along short streets. Moreover, the inhabitants of Brasilia find places of worship, schools, day-care centers, libraries and cultural centers divided equally between superquadras.
Although they may not have been planned, lauchonetes have settled at the feet of administrations under tents or in small kiosks. The officials have to eat somewhere …

Je m’attendais à voir une ville figée depuis sa construction dans les années 1960, il n’en est rien. Beaucoup de bâtiments sont plus récents voire contemporains ( et souvent sans intérêt…). La coupe du monde organisée au Brésil en 2014 a d’ailleurs dû encourager les constructions.
De grands centres commerciaux ont poussé en plein centre – à ce qu’on m’a dit, ce serait même les plus grands du Brésil. Le niveau de vie, aisé, et l’accès autoroutier doit en effet beaucoup aider à leur multiplication.
La ville compte aujourd’hui plus de 2 500 000 habitants alors que le plan pilote ne prévoyait d’en accueillir que 500 000.*3
Ainsi, au large du plan pilote, par-delà la ceinture verte, des villes satellites se sont développées. Il s’y succède d’abord de grandes tours de haut standing et d’une quinzaine d’étage de haut. Puis, en s’éloignant, les immeubles sont de moins en moins hauts, jusqu’aux dernières banlieues construite de plein pied. C’est ici que les nouveaux arrivés s’installent, faute d’avoir les moyens d’habiter dans les superquadras déjà pleins.
Dans ces villes satellites, on ne retrouve plus grand-chose de l’idée du plan pilote, les bâtiments sont construits autour d’un quadrillage de rues assez conventionnel. Ces banlieues abritent plus de 85% de la population de la métropole. A Brasilia, le centre-ville est presque un centre vide.
I was expecting to see a frozen city since its construction in the 1960s, it is not so. Many buildings are more recent or contemporary (and often without interest …). The World Cup organized in Brazil in 2014 should have boost the construction.
Big shopping centers have been built right in the center – I was told it would be even the biggest in Brazil. The hight standard of living, and the highway access must indeed help a lot in their establishment.
The city today host more than 2,500,000 inhabitants, while the pilot plan can only host 500,000. * 3
Beyond the pilot plan and the green belt, satellite cities have developed. First I discover high towers of high standing and fifteen floors high. Then, moving away, the buildings are less and less high, until the last suburbs built on the ground floor. It is here that the newcomers settle down, for lack of the means to live in superquadras already full.
In these satellite cities, there is not much of the idea of the pilot plan, the buildings are built around a fairly conventional grid of streets. These suburbs are home to over 85% of the city’s population. In Brasilia, the city center is almost an empty center.
*3 https://fr.wikipedia.org/wiki/Brasilia, consulté le 30/12/2018



Le pont Juscelino Kubitschek qui enjambe le lac de Parano est assez symbolique de l’esprit de la capitale. Dessiné par l’architecte brésilien Alexandre Chan et conçu par l’ingénieur Mario Vila… ; il a été tout récemment inauguré, en 2002. Comme dans le reste de la métropole, la route doit être belle, et elle l’est. Quelle élégance ! Et quelle prouesse technique ! La chaussée légèrement courbe est suspendue à 3 grands arcs de métal qui seraient inspirés de la trajectoire de ricochets. Le pont a remporté de nombreux prix architecturaux mais a dû être un véritable casse-tête à réaliser. Tout ça pour enjamber un lac artificiel de quelques mètres de profondeur sur lequel ne circulent que quelques canoës…
The Juscelino Kubitschek Bridge, which straddles Lake Parano, is quite symbolic of the spirit of the capital. It was inaugurated very recently in 2002, designed by the Brazilian architect Alexandre Chan and designed by the engineer Mario Vila Verde. As in the rest of the metropolis, the road must be beautiful, and it is. How elegant it is ! And what a technical feat! The slightly curved pavement is attached to 3 large arches of metal that would be inspired by the trajectory of ricochets. The bridge has won many architectural awards but had to be a real headache to achieve. All this to span an artificial lake a few meters deep on which circulate only a few canoes …