10/2018_Water

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« Let the most absent-minded of men be plunged in his deepest reveries–stand that man on his legs, set his feet a-going, and he will infallibly lead you to water, … »

Hermann Melville, Moby Dick

We are surrounded by an immensity of water and still we are rationed. The drinking water tanks contain only 500L. Wihout  water maker, on a long Journey the only showers we can take are with sea water.

We stayed for several days without ships in sight. At these moments the entire landscape belongs to us. What immensity, what freedom! Taht’s sure, we are not bothered by neighbors. We met some dolphins and saw twice whale breaths. But despite our many fishing attempts, we have not recovered yet.

Under the hull there are several thousand meters to the bottom. As the radar only works at a depth of one hundred meters, we let our imagination go.
It is probably because of this large amount of water that many sailors turn to drink. On board  the aperitif is daily. It is also a way to punctuate the days that sometimes tend to all look the same.

Roll and pitch are permanent – in the cabin you feel like you’re locked up in a fun fair ride. And sometimes it rains … From time to time a wave stronger than the others comes to splash the boat. At any moment the sea can remind you that you are just passing through.

Even when the ship is moving slowly, it is impossible to swim without being docked to the boat. Between Madeira and Brazil, swimming is possible if you do not fear to attract sharks.
And when you’re on the ship’s deck, if you fall, you die. Even to go pee, you have to moor on the ship. The ocean is beautiful but also deadly.

Le calme après la tempète. Seuls subsitent l’Usquabae et un navire de pêche au bout du ponton brisé. Les autres bateaux ont du être déplacés en urgence.

« Prenez le plus distrait des hommes, absorbé dans la plus profonde des rêveries, dressez-le sur ses jambes, incitez-le à poser un pied devant l’autre et il vous conduira infailliblement vers l’eau. »
Hermann Melville, Moby Dick

Nous sommes entourés d’une immensité d’eau et nous sommes pourtant rationnés. Les réservoirs d’eau potables ne contiennent que 500 litres. Les douches ne peuvent qu’être d’eau de mer, faute de dessalinisateur durant une longue traversée.

Nous sommes restés plusieurs jours sans que le moindre navire ne soit en vue. A ces instants, le paysage entier nous appartient. Quelle immensité, quelle liberté ! Une chose est sûre : en ces heurs nous ne sommes pas dérangés par les voisins. Nous avons rencontré quelques dauphins et vu par deux fois les souffles d’une baleine. Mais malgré nos nombreuses tentatives de pêche à la ligne, nous n’avons encore rien remonté.

Sous la coque il y a sûrement plusieurs milliers de mètres de fond. Comme le radar ne fonctionne que jusqu’à cent mètre de profondeur, nous laissons aller notre imagination.
Sans doute est-ce par réaction que beaucoup de marins se tournent vers la boisson. A bord de l’Usquabae, l’apéro est quotidien. C’est aussi un moyen de rythmer les journées qui ont parfois tendance à toutes se ressembler.

Le roulis et le tangage sont permanents et dans la cabine on a l’impression d’être enfermé dans un manège de fête foraine. Parfois en plus il nous pleut sur la gueule… De temps en temps une vague plus forte que les autres vient éclabousser le bateau. A tout moment la mer peut te rappeler que l’on est que de passage ; ici c’est chez elle.
Même quand le voilier avance à faible allure, impossible de se baigner sans s’amarrer au bateau. Entre Madère et le Brésil, la baignade reste possible à condition d’admettre d’attirer les requins.
Sur le pont, une chute peut signifier la mort. Même pour aller pisser tu dois t’amarrer. L’océan c’est beau mais c’est aussi meurtrier.