- English version below
Aujourd’hui c’est le calme plat. Et à des centaines de milles des côtes, pas question de mettre le moteur, il faut économiser le carburant. Pas grand-chose à faire sinon attendre, avec un peu de chance ça va repartir.
Parfois c’est tout le contraire : on aimerait que le vent se calme. A Madère, dans le port, nous essuyons les trainées de l’ouragan Leslie. Sous les effets conjugués du vent et de la houle, plusieurs amarres rompent violemment et certains bateaux viennent se cogner contre le ponton. Après quelques minutes, celui-ci se tord puis se brise. Pour éviter que l’ensemble ne se désagrège, il faut urgemment déplacer certains bateaux . L’Usquabae, ou bout du ponton brisé est relativement en sécurité. Nous multiplions les amarres pour l’attacher à tous les pylônes possibles – plus le cordage est long, plus il est élastique et moins il a de chance de se rompre. Malgré ces efforts et en dépit des pare-battages, sa coque en aluminium gardera une trace des chocs violents contre le cateway.
En français, on utilise le même mot pour le « temps », la météo et le « temps » la durée. En voilier, cette confusion n’a jamais semblé aussi appropriée. Poussé par un bon vent, le voilier peut parcourir une aussi grande distance en une heure qu’en une journée de calme plat.
Quand on voyage en voilier, rien ne peut être prévu à l’avance. Outre les indécisions de l’équipage, la météo est changeante : inutile de partir sans vent, dangereux de partir quand celui ci est trop fort. Et pourtant tôt ou tard, il faut partir…. D’ailleurs, comme le dit un proverbe breton, « le marin qui regarde trop la météo reste au bistro ».
Nous avons bien sûr une alternative au vent : le moteur. Celui-ci permet principalement de manœuvrer à l’approche des ports et nous l’utilisons aussi parfois plusieurs heures pour avancer sur de courtes distances quand le vent est totalement tombé. Sur de grandes traversées, son utilisation est réduite au minimum puisqu’il faut économiser le carburant.
D’ailleurs le moteur lui-même peut être source de problème. A Madère, par exemple, une avarie nous a causé quelques soucis : en sortant du port au moteur, une alarme a retenti et le moteur s’est arrêté. Nous avons alors craint une grosse panne qui mettrait fin à notre périple. Surtout nous n’étions qu’à quelques centaines de mètres de la côte et nous dérivions dangereusement vers les rochers.
Alors que le skipper s’affairait à trouver l’origine de la panne afin de redémarrer le moteur, nous devions chercher à utiliser chacun des légers souffles de vent. Nous nous en sommes sortis à bon compte avec une vidange et quelques heures de tracas, mais ça aurait pu plus mal tourner.

Today there is no Wind. We are hundreds of miles away from the coast : impossible to use the engine, we must save fuel. There is not much to do except waiting. If we are lucky it will blow again.
Sometimes it’s the opposite, we would like the wind to calm down. At the port in Madeira, we wiped the drag of Hurricane Leslie. Under the combined effects of wind and swell, several moorings break violently and some boats come banging against the dock. After a few minutes, it twists and breaks. To prevent the whole from falling apart, it was necessary to move some boats in emergency in the port. The Usquabae remains relatively safe. We multiply the moorings to attach it to as many pylons as possible – the longer the rope, the more elastic it is and the less likely it is to break. Despite our efforts and in spite of the defenders, the aluminum hull will keep a trace of the violent shocks against the cateway.